L'ENFANT LITTERAIRE
Passeur d’imaginaire.
Sur les ailes du Temps, je captive, emporte, transporte.
Entre passé et avenir, je chemine oubliant le présent.
Receleur de souvenirs dérobés,
Né d'amour de papier et d'encrier,
Je croîs sous la plume malhabile.
Orgueil de rêves évanescents et nostalgiques que l'irréel rend Tenaces et tragiques,
Des limbes de ta pensée, on m’expulse.
Traqué inlassablement par la rature vengeresse.
Sur la trame immaculée se tissent les mots,
chantent les couleurs.
Ma fragile existence reste précaire.
Par les pleins et les déliés, se hument les ambiances.
Sur la lande ventée d'Emily Brontë,
Frissonne le promeneur passionné.
Avec panache et brio, de sa tirade impudente
Cyrano soufflète et pourfend le mécréant.
Sur le sable brûlant des arènes
Chères au cœur d'Hemingway,
Volète la cape de Manolète.
De l’inspiration, je dévide l'écheveau des phrases,
Que tisse le stylo.
Je me pare de prose,
Arbore un style riche, lyrique ou tragique.
Au toucher, je procure des sensations satinées ou glacées.
A l'effeuillage, j'exhale l'odeur inviolée de ma virginité.
A moins que mes entrailles séculaires ne recèlent un subtil encens de grimoire.
Captiver, intriguer, ironiser,
Pérorer comme un vilain cabotin,
C'est là mon destin !
A la parole, j'ai à jamais dérobé l'auréole.
Echappant à mon créateur,
ma liberté durement acquise,
à la devanture, j'attends l'âme sœur.
Hasard d'une rencontre que par avance je bénis.
Je ne m'impose pas, je séduis !
Honni, vénéré, loué ou critiqué,
J'ignore l'indifférence.
Manipuler l'esprit attise la fureur autour de moi.
Des lauriers de la gloire, ma puissance fait frémir
et me livre sans surseoir au bûcher de la haine.
J'inocule des plaisirs solitaires,
Façonne l'inculte,
Suscite des vocations,
Provoque d'inoubliables rencontres.
Braver le grand Maître du Temps et survivre au néant est ma volonté de papier.
Facétieux, j'obsède le lecteur impénitent, jouet complaisant, que je mène à ma fantaisie.
Suspendu à ma prose, il perd son identité.
Héros aux multiples facettes,
D'aventures en aventures,
Il garde des bleus à l'âme et d’indélébiles cicatrices.
Oubliant toute dignité, il trépigne, s'impatiente, triche lorgnant vers la fin de l’histoire.
Bon joueur, j'apaise sa transe de détective amateur et élucide tous les mystères.
Ses baillements m'offensent,
Ses pleurs, ses rires me réjouissent
M'étioler dans une vitrine poussiéreuse ou sur un rayonnage inaccessible est mon humble destinée.
La curiosité en alliée me refait une beauté.
Et je renais au creux d'une main impatiente,
Encore une naïve victime,
qui n’échappera pas à mon pouvoir occulte !
Anita Baños Dudouit
http://artisanat-et-ecriture.over-blog.com
novembre 2010
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