Dans le silence du lac de la Montagne
Dans le silence du lac de la Montagne
Un espace d’écume bleutée domine l’horizon indistinct,
Glacial aux formes quelconques sous une lune
Blafarde, triste, figée dans sa robe de brume.
Austère spectacle sous un chapiteau inhumain.
Pas un bruit ne se perçoit,hormis le soupir d’un sapin
Répondant à l’assaut fulgurant de la neige vengeresse,
Lourde sur la branche meurtrie au petit matin,
Lâchant vers le sol des épines de détresse.
Soudain, un craquement impromptu déchire le silence cotonneux,
Un bras d’épinette blanche, brisé, s’étale sur le sol livide,
Dérangeant un mulot au beau milieu de sa léthargie bienheureuse.
Un gland logé dans sa mâchoire s’échappe, roulant sur le sol humide.
Un Algonquien à fière allure, tapi, piste l’arrivée d’un probable caribou.
Sans plumes décoré, ni armé d’un arc, il maintient son fusil sur une souche moussue,
Sentant déjà l’odeur suave du caribou cuisiné à la bière et au four.
L’attente est longue sous la cathédrale de glace de l’érable fourchu.
Loin encore de la débâcle prometteuse d’une explosion florale,
Le lac offre aux yeux ébahis une multitude de trésors insoupçonnés,
Ici, la silhouette furtive d’un cerf aiguisant ses bois sur un tronc d’érable,
Là, sur la neige scintillante, les empreintes récentes d’un renard argenté.
Un point rouge sautille sur la branche d’un épineux en sommeil,
Le cardinal rouge en chasse d’un vermisseau grassouillet donne du bec.
Aussi des vies fragilisées, par l’hiver engourdies, mais prêtes au réveil,
S’activent sous le manteau blanc en quête d’un gland tout sec.
Le lac endormi, glacé, cache une vie indolente dans sa solitude hivernale.
Un crapet de roche, seul, immobile dans le tréfonds gelé et turbide,
Epie, car affamé, un insecte hasardeux que le courant vigoureux déballe,
Aspirant goulument le pauvre égaré vers des instants iniques.
Raymond Martin (d’après une aquarelle de : Adyne Gohy )
Octobre 2014
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