LA MASURE
Toiture tuilée de tuiles sombres émoussées,
La masure charpentée de bois vermoulu,
A l'orée du bois odorant et touffu,
Egraine les heures et les vicissitudes passées.
Carreaux zébrés opaques de poussière,
Donnent le change à la porte entr'ouverte.
Personne n'y entre, personne ne sort de cet antre d'hier,
Le vent murmure sa lancinante mélodie en pure perte.
Raide, triste, aucun signal solennel de la cheminée,
Pas de volutes blancs marquant le retour du beau temps,
Point de fumées grisâtres annonçant le vent damné.
Elle ne rougit plus de plaisir comme avant.
Craquements successifs, incessants, animent
La masse vermoulue de cette demeure esseulée
Que la bourrasque, que le sable, humides et froids minent,
Par leurs coups violemment répétés.
Que fut-elle ? De douanier ? De pêcheur ? Refuge du promeneur ?
Jouissante de son charme encore préservé
Par un rosier hautain, vivace, ancré par bonheur,
Au muret dignement effrité, l'entourant de bonté.
L'écume des flots violemment projetés par le souffle divin,
Moutonnent les rides du sable dompté par la lande fertile.
Varech perlé d'embruns, lové au petit matin,
Par l'ivresse iodée, gît, flasque, sur le sable servile.
La masure charpentée de bois vermoulu
Contemple à sa faim ce tableau aux mille délices,
Epaulée en cela par la mouette trapue
Accompagnant la mélopée de l'onde propice.
La masure charpentée de bois vermoulu,
Logis impromptu du garenne sauvageon,
S'offre l'éternelle beauté d'âme émue,
Telle l'amazone riche d'un doux abandon.
Raymond MARTIN
http://www.deezer.com/music/playlist/debussy-30545461
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